De l’art textile à la peinture en passant par le papier et les techniques mixtes, Martine Salzmann voyage au gré des métamorphoses de la pensée créatrice. Elle travaille le paysage, en particulier la forêt de Fontainebleau depuis 2002. Le lieu relie histoire de la peinture et actualité. Mais sa réflexion prend ses distances, en jouant sur l’opposition d’attitudes artistiques, comme l’improvisation et la conceptualisation. Sa peinture devient l’arène de conflits qui se muent en couples dynamiques : énergie et matière, chaos et structure, ombre et lumière. Les entités paradoxales réveillent des jeux de forces qui affirment les singularités, magnétisent les complémentarités et instaurent des relations qui créent un monde en équilibre instable.
Dans cette exposition, les 22 œuvres choisies appartiennent aux deux séries les plus récentes de La forêt de Fontainebleau, Rais de forêt (2008) et Terres, vues du sol (2009-2014).
La série des Rais de Forêt s’attaque à la rupture moderne, abusivement érigée en dogme. La pensée créatrice s’invente un subterfuge en créant elle-même la rupture pour ne plus la subir. Le même motif est peint deux fois sur la même surface de manière à ce que le second recouvre le premier sans le voir. Au final l’œil articule la disruption des points de vue, mais sent au delà l’unité de l'espace. Le schisme est programmé, mais il nous apprend que les fractures de la vision cohabitent avec la jouissance des fondamentaux.
Dans la série qui fait suite, les Terres, vues du sol, la pensée créatrice fidèle à son mouvement paradoxal, sonde la démarche inverse. Elle cherche à articuler le chaos de la nature avec la représentation d'un espace. Peu à peu la lumière y perce l'obscurité. Celle des sous-bois ou celle de notre inconnaissance ?
Paris le 28 mars 2014
Martine Salzmann